Depuis qu’on a emménagé dans la Drôme Provençale, chaque jour, au bout de ma rue, je le vois, là, en train de me narguer. Plus on avançait dans le temps et plus j’y pensais ! « il faut que je me le fasse avant la rentrée,… avec mon Patriot, ça va être du gâteau, je vais en faire de la chair à pâté. Je vais sûrement y passer du temps, mais il ne va pas m’agacer longtemps ! »
Lui, c’est le Mont Ventoux. Depuis qu’on est rentrée de Valloire, je me disais que j’allais m’imposer un « auto-bisutage »: monter le Mont Ventoux, histoire d’avoir le droit de le descendre à ma guise dans le futur.
Depuis quelques jours, je regarde les sites internet qui décrivent la montée depuis Malaucène et je surveille les sites météo.
Hier, j’étais bien décidé à y aller, mais les prévisions de vent m’ont bien calmé ! Autant la température était bonne (24°c à Malaucène), autant les rafales annoncées à 60km/h en bas m’ont conduit à remettre la bagarre à plus tard… Profitant de ce forfait peu glorieux, j’ai décidé de monter voir à quoi ressemble le Mont Ventoux, en famille et en voiture ! Arrivés à Malaucène (à 35 minutes de route de la maison), on a pris la route du Mont Ventoux et là, bimmmm, ça monte d’entrée de jeu ! A vrai dire, jusqu’au sommet, il y a peu de possibilités de se reposer. Par Rapport au Col du Galibier (que j’ai monté la semaine passée pour la 13è fois, en partant de Valloire), la route du Mont Ventoux ne propose quasiment aucune zone plate pour souffler un peu. Pire encore, ce col fait 3km de plus que le Galibier (21km contre 18km), 300m de dénivelé positif en plus (1535m contre 1216m) et ses pentes sont plus importantes (7,3% pour le Ventoux contre 6.9% pour le Galibier). Arrivé au sommet, en voiture, je pense au jour où je vais me lancer dans cette ascension et… je ne fais pas le fier ! D’ailleurs, en ouvrant la porte, on s’aperçoit que les rafales de vent ne sont pas à 60km/h ici puisque c’est quasiment la tempête et ça caille !!!
Par contre, le paysage est incroyable, on se croirait sur la lune, il n’y a plus de végétation, que des cailloux, et de là-haut on peu distinguer, d’un côté le Mont Blanc, de l’autre, l’Aiguille du Midi, hallucinant !
Tant qu’on est là, j’en profite pour descendre un peu de l’autre côté pour jeter un coup d’œil au Bikepark du Ventoux, ouvert une bonne partie de l’année et où je compte bien rouler.
Malheureusement, celui-ci est fermé depuis le week-end passé suite à un problème mécanique sur le téléski. Ce spot a l’air bien sympa et je vais y aller très vite ! Je distingue aussi pas mal de lignes freeride qui partent dans les cailloux en direction de Bédoin… ça a l’air de beaucoup rouler en DH par ici !
Dans la montée depuis Malaucène, on est aussi passé par la petite station du Mont Serein qui, sur la face nord du Ventoux, propose 9 téléskis et 12km de pistes d’où je pourrais d’ailleurs partir, l’hiver, en ski de rando pour rallier le sommet…
Bref, ce Mont Ventoux, même s’il me nargue, c’est vraiment un endroit très chouette !
En rentrant à la maison, même si je suis un peu abattu par la difficulté de la montée, je jette un coup d’œil sur les sites météo et je me dis finalement que c’est pour le lendemain ! Certes, la chaleur est annoncée, mais le vent sera modéré, alors je vais tenter le coup. J’en profite alors pour regarder par où je vais descendre puisqu’il n’est pas question que je descende par la route. En gros, je fais le choix de descendre par le GR4 qui serpente jusqu’au Mont Serein depuis le sommet, ensuite, je couperai vers les Alazards en passant au Col du Comte puis je retournerai à Malaucène par la route (un itinéraire « au pif »)
Lundi après-midi (aujourd’hui), je pars de chez moi à 13h50 (pour ne pas être « trop sur la digestion ») pour arriver à Malaucène et monter sur le VTT à 14h55.
C’est parti ! Echauffement « 0 », et jusqu’au Groseau, ça va… Mais à partir de là, ça monte sévère, environ à 9% et un cycliste me double en me lançant: « c’est dur aujourd’hui »… Tu m’étonnes. Un peu plus loin, je me dis: « P’tain, c’que je suis content que Jérôme (X1 Racing) m’ait offert un amortisseur blocable ». Au 4è kilomètre, je passe déjà sur le petit plateau. Heureusement, la route est bordée d’arbres et cette première partie de la montée peut se faire à l’ombre en serrant bien à droite. C’est appréciable, il fait 31°c ! Malheureusement, au 6è kilomètre, la route passe sur la crête et on est tout le temps au soleil… ça cogne, ça tape, je sens mon maillot qui est super chaud au niveau de mon épaule droite. Au 10è kilomètre, c’est l’enfer, ça monte encore plus (entre 9,5% et 11%) et ce sera comme ça jusqu’à la station du Mont Serein.
Mais bon… J’avance…
Arrivé au Mont Serein, je suis quand même content car j’ai doublé 3 « routards » (c’est toujours bien, pour moi, d’avoir une cible à doubler, ça fait appuyer un peu plus fort) et je me fais une remarque: j’ai croisé 3 VTTistes qui descendaient et tous m’ont fait un petit signe de la main ou lancés un « bonjour ». Par contre, j’ai dû croiser 50 « routards » et pas un ne m’a regardé… Ils sont crispés en descente ou quoi ?
Au Mont Serein, le petit plat de 150m à l’entrée de la station permet de souffler quelques secondes et juste après, hop, ça recommence à monter sec !… Mais il ne reste « que » 6km et lorsque j’étais sur le plat en dessous, je distinguais le sommet, ça fait du bien au mental ! Là, la route traverse les pistes noires de la station de ski et à 3km de l’arrivée, on commence à débarquer sur la lune. La végétation disparait et le panorama devient fou ! 2 avions à réactions, peut-être à l’entrainement au combat, passent d’ailleurs à quelques centaines de mètres à ma gauche… « Je suis dans l’espace ou quoi ? » A 1km du sommet, je me prends une bonne rafale de vent dans le virage en épingle du radar et je me lance à la chasse de 2 « routards » qui sont devant moi… Je les double juste avant le sommet où j’arrive à 17h15’… Pppffff 2h20 de montée bien loin du record d’Iban Mayo en 55′ 51″ mais quand même content.
Au sommet, il y a beaucoup de monde… Ils sont nombreux à regarder mon VTT… « vous êtes montés avec ça ?… et vous roulez sans chaussures auto ?… La fourche devant, elle ne pompe pas trop ? »
C’est encore pire qu’au Galibier, mais j’ai déjà vu plus fou que moi.
Il y en a même un qui a couru à côté de moi lorsque j’étais dans les derniers mètres et qui me disait « faut avoir des cou…es pour monter avec ça »… Voila de quoi imager cette phrase avec cette photo prise dans le virage au dessus du Mont Serein.
Bref, même si j’y ai passé du temps, je l’ai bien maté ce Mont Ventoux !
A présent, j’attaque la partie sympa de l’après-midi, la descente. Je pars directement dans les « S » du GR4 qui redescend vers le Mont Serein, sous la table d’orientation.
Et là, dans la troisième épingle, je tombe sur un petit troupeaux de chamois, avec des petits, même pas effrayés, pas plus que des vaches. Je suis à 25m d’eux, ils ne bougent pas, il me regardent… Ils ne sont pas farouches par ici !
Sur ce single rempli de petitts cailloux roulants, il ne faut vraiment pas tomber parce que sinon, c’est la dégringolade jusqu’au Mont Serein.
Je descends tranquillement et je traverse ensuite la station pour rejoindre le PR qui va en direction des Alazards. Là, le chemin entre dans la forêt qui est assez dense et où il fait frais. Il y a toujours pas mal de cailloux et dans un virage, j’aperçois une piste qui descend et qui ressemble étrangement à une piste de DH… Je me demande si ce n’est pas là que le Team Ride Inov veut m’amener. Je verrai bien plus tard…
Un peu plus loin, je bifurque en direction du Col du Comte pour reprendre ensuite le GR4 jusqu’aux Alazards. Ce chemin, c’est un vrai single, avec beaucoup de cailloux au début, des passages dans des énormes éboulis, parfois à flanc de falaise… Bref, c’est magnifique !
Aux Alazards, je suis à 500m d’altitude et je reste sur la route jusqu’à Malaucène car je suis… Cuit !
Bonne nuit !
Tchoucaton