Alexandre Fayolle a reçu, il y a environ deux mois, son vélo pour la saison 2015. Il s’agit d’un Pivot Phoenix carbon 27’5 que j’étais impatient de voir en action puisque j’en attends un. Il me tardait aussi de retrouver Alex que je suis depuis 3 saisons désormais et qui se donne totalement pour sa passion. Sans cesse en progression, Alex va tout faire, cette année, pour tenter de « percer ». Sa dernière performance (21è de la manche de qualification à Méribel, 33è en manche finale… Et une progression constante dans les classements de la Coupe du Monde) lui permet de penser qu’il peut faire partie du « gratin mondial » de la discipline et, pour sa 2è saison Senior, il compte bien montrer le bout de son nez à qui voudra de lui (le Pivot Cycles Factory DH Team en point de mire ?).
En attendant, Alex s’entraine tous les jours: musculation, moto, footing, DH, enduro, rien n’est réellement laissé au hasard et même s’il est un « pilote privé », Alex tente de tout faire comme les (quelques) pros français. Depuis l’an passé, il s’est adjugé les services d’un préparateur physique et mental; cette saison, il fera les déplacements sur les courses en association avec Faustin Figaret (du Team Calvisson VTT by Commençal) et il continuera toujours à évoluer dans la structure Ride Inov de Kevin Locquet. La totalité des manches de la Coupe du Monde est au programme de sa saison et une sélection pour les Mondiaux en Andorre serait la cerise sur le gâteau (il y a 7 places autorisées pour la France, mais nos instances feront peut-être le choix de ne prendre que 3 pilotes comme à Hafjell en 2014 ? On ne l’espère pas !)
Côté matériel, Alex va toujours bénéficier du soutien de X1 Racing Suspension grâce à qui il peut se vanter de rouler sur un ensemble cartouche (pour Fox 40) et amortisseur TTX Öhlins. Son Pivot Phoenix (ainsi qu’un Mach 6) est fourni par Mohawk’s Cycles, l’importateur français de la marque. Habillé par Troy Lee Designs et BNL Collective, vous ne pourrez pas le manquer dans les paddocks.
Outre ces considérations matérielles et plutôt formelles (quel pilote de Coupe du Monde n’a pas l’ambition de faire le meilleur résultat et de se faire remarquer par un gros team ? Aucun d’entre-eux n’y va en « touriste »…), Alex pourrait presqu’apparaitre comme un « fils à papa », qui se fait financer sa saison en grande partie par son paternel… Mais en prenant le temps de discuter avec l’un et l’autre, on se rend vite compte qu’Alex a pris son chemin, celui de la compétition, de la course, du dépassement, du sérieux… et que son père ne fait que l’accompagner sans réellement le pousser (à la rupture), simplement avec passion et paternité (et il en est de même avec ses autres enfants, pratiquants d’autres activités physiques). Certes, l’argent engouffré dans une saison de Coupe du Monde est une sacré somme, mais que faut-il faire pour parvenir à ses fins lorsqu’on n’est pas détecté très tôt (comme c’est le cas cette saison avec les jeunes pilotes engagés dans les grosses équipes: Finn Iles chez Lapierre Gravity, Elliott Heap chez CRC Nukeproof, Remy Morton chez United Ride…) ? Et surtout, que faut-il faire pour envisager un avenir professionnel en VTT de Descente lorsqu’on est… Français ?! Je le dis souvent dans les paddocks, aux Fayolle, Pierron, Di Pasquale, Piccolo, Cabirou… Aux « seconds couteaux »: « vous habiteriez en Angleterre, en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux USA ou au Canada… Vous auriez au moins un petit statut de pro ».
Alors au final, Christophe (le papa) et Alex font tout pour que « Fayolle » passe du côté professionnel de la horde des descendeurs. Parfois cela génère de l’admiration à l’égard de l’un et l’autre, parfois cela induit de la jalousie (surtout lorsqu’on est talentueux et qu’on ne dispose pas de moyens conséquents – et Christophe n’est quand même pas pas Crésus non-plus – … Et beaucoup restent « sur la touche » à cause de cette situation). Mais, à y bien regarder, on aurait tout à gagner de voir un gars comme Alex devenir professionnel, car quoiqu’on en pense (la manière), il est doué, rapide, travailleur, passionné et dégage une bonne image (un des plus beaux styles… Sans être « grande gueule ») qui, si tel était le cas (sa professionnalisation) pousserait des jeunes à revenir vers la DH par le bon côté (pas celui des « m’as-tu vu » qui vont sur les courses avec les plus beaux vélos payés par papa/maman et qui « n’avancent pas un caramel » tout en se plaignant de leur matériel, du shappage des pistes ou de l’organisation de la course).
Attention, je ne dis pas qu’Alexandre Fayolle va devenir la nouvelle idole des jeunes, non ! Surtout qu’à un autre niveau, il y a Loïc Bruni qui montre la voix à suivre. Mais disons que des gars de son calibre (lui parmi d’autres), s’ils étaient pros, s’ils étaient plus présents dans les magazines, dans les publicités, dans les pages web, si les médias s’intéressaient un peu plus à eux, permettraient peut-être de redorer l’image de la DH auprès des jeunes fans français de Sam Hill, Josh Bryceland, Aaron Gwin et autres stars étrangères (dont je suis moi aussi fan)… De donner plus d’intérêt à cette série de quelques courses d’amateurs qu’on nomme la Coupe de France (« houhouhouuuu, il est où le public ? Il sont où les pilotes ? ») boudée depuis des années par nos quelques « pros » (qui se déplacent par obligation sur le championnat national).
Allé hop, voila la vidéo d’Alexandre Fayolle, dans sa « version pré-saison 2015 ». Vous l’apercevrez donc sur son nouveau VTT à l’entrainement sur la piste de DH de La Roque d’Anthéron. On n’a pas pu filmer tout ce que j’espérais (vu qu’Alex était seul et qu’il n’a cessé de monter et descendre, et qu’on n’avait pas énormément de temps) mais cela vous permettra de vous rendre compte du potentiel du garçon et de sa machine…
Soutenez Alexandre Fayolle et les autres pilotes français, vous soutiendrez la DH française, celle que j’ai connu il y a 15 ans, presqu’à ses débuts, où le monde était dominé par les pilotes tricolores (Vouilloz, Chausson, Gachet, Pascal, Gracia…), où les étrangers se déplaçaient sur les 6 ou 7 manches des Internationaux de France, et où faire des résultats après une bonne période de travail voulait dire « avenir sportif professionnel possible »… etc
… Et on ne verra plus QUE des amateurs sur les courses nationales…
Houlaaaa, je me suis un peu emballé, mais ça sort du cœur !