Depuis 20 ans que je fais du VTT et 15 ans que j’ai arrêté le volley-ball, je poursuis une belle carrière d’imposteur dans la discipline et ce week-end, je crois que j’ai atteint le graal !
Après deux participations aux Championnats du Monde Masters de Descente 2008 et 2009, une participation aux Championnats d’Europe 2010, une participation à l’Enduro World Series de Valloire (2014), je continue de participer à des courses de DH et d’Enduro en tous genres et finalement, j’ai encore réalisé quelques défis sympas ces dernières années: plusieurs Mountain Of Hell, l’Enduro des Terres Noires, des courses de DH. Mais finalement, je reste toujours au fond du classement (sauf à la MOH, mais j’y reviendrai après). Alors j’ai vraiment le sentiment d’être un imposteur… Mais je profite bien de ces courses, de l’ambiance qui y règne, des copains, et puis s’il n’y avait pas de « mauvais » comme moi, les « bons » ne seraient plus si « bons » !
Depuis quelques années, je surveille LA COURSE D’ENDURO ULTIME à laquelle certains de mes copains « costauds » ont participé et terminé. Je veux bien évidemment parler de l’Épic Enduro et voila 3-4 ans que je me dis: « faut que je le tente ». Mais le mur paraissait tellement haut que je repoussais toujours l’échéance. Et puis la date de la course n’est pas toujours évidente par rapport à mon job…
Bref, fin 2019, je me suis décidé, j’en ai parlé avec les copains qui l’ont fait et j’ai bien écouté leurs conseils. François Boulin et Antoine Liaboeuf m’ont vite convaincu en ajoutant toujours, en fin de dialogue: « t’inquiète pas, je te connais, et avec un peu d’entrainement, tu finiras »… Par contre, ils ajoutaient toujours ensuite: « par contre moi, je n’y retourne pas » LOL
Et puis mon gamin de 12 ans m’a dit: « vas-y sinon tu vas regretter »
Fin novembre, au moment des inscriptions pour l’Épic 2020, j’étais décidé et je pense que j’étais le premier à m’inscrire… Je ne me suis pas laissé le temps de cogiter ! haha
La course devait avoir lieu le 22 mai pendant l’EWS d’Olargues, alors à partir du mois de février, j’ai commencé à pédaler un peu plus… Disons que j’ai fait mes sorties habituelles en semaine (une ou deux) et je suis allé sur des « randos du dimanche matin », exclusivement sur les grands parcours (à Lagnes ou Mérindol).
Et là, patatra… Confinement, coronavirus… Quoi faire ? Je ne savais pas si la course serait annulée, reportée, si elle aurait lieu… Je courais 1h (12km) tous les 2 jours dans la forêt derrière chez moi, pour garder la forme et sans toucher au VTT !
Puis c’est le report au début du mois d’octobre, puis finalement à ce week-end et je me suis dit que j’allais garder la motivation !
Pendant les vacances d’été, famille oblige, je n’ai pas trop roulé au mois de juillet mais je suis quand même allé voir les spéciales de Saint-Martin Du Froid et Bardou, guidé par Eric et un pote à lui qui sans le savoir, me rassuraient sur mon état de forme, puisqu’ils finissaient cette boucle avec les crampes là où j’aurais pu enchainer un autre tour.
Par contre, je prenais conscience ce jour-là que la course risquait d’être très physique parce que la spéciale de Saint-Martin du Froid c’est… L’enfer ! Marteau-piqueur land !
En août, après un « stage de DH saucisson bikepark » avec Nicolas Sandeyron, j’ai commencé à m’envoyer quelques grosses sorties de vrai VTT autour de Valloire. J’ai notamment fait une semaine où j’ai roulé tous les jours entre 1000 et 1700m de d+ puis ensuite une grosse sortie équivalente à deux Galibier par les chemins. Après de telles sorties, à cette altitude, quand tu redescends, tu perçois très vite les bénéfices !
Mais au rang des sacrifices, j’ai roulé pour moi, je ne suis pas allé sur les manches de Coupe de France pour filmer les copains par exemple… Il fallait que je fasse des choix. Par contre, c’était hors de question de faire de la route pour me préparer… Je trouve ça trop dangereux et je suis trop poilu pour me raser les jambes ! Faut pas déconner !
Fin août, à la maison, je me suis mis quelques « sorties tarifs » pas trop loin, en gravissant toutes les montagnes de derrière en une journée, en montant/descendant 8 fois le bikepark de Nyons, et en septembre je me suis fait 2 fois le Ventoux sur une journée, avec un parcours mixte route/chemins. Plus des petites sorties classiques en semaine.
A deux semaines de la course, j’aurais voulu faire une dernière grosse sortie mais la météo m’a découragé, et c’était compliqué avec le boulot aussi.
En clair, pour me préparer, je n’ai fait que du VTT, et au niveau de l’alimentation, je n’ai rien changé ! Néanmoins, avec cette fréquence de sorties un peu plus soutenue, j’ai perdu 4-5kg entre février et octobre, et j’ai pu me rendre compte que ma fréquence cardiaque au repos est passée de 54 à 49 puls/min.
Côté course de préparation, vu le bazar qu’on a vécu cette année (et ce n’est pas fini), j’ai participé à la DH de la Grand Combe en mars et à la DH de Laudun en septembre… Nickel ! hahahah
A deux semaines de la course, j’ai attaqué une partie importante de la préparation: la mécanique du VTT et la logistique de course !
J’ai changé les roulements de pédalier, des pédales, de jeu de direction, purgé les freins, fait le service de la tige de selle, changé les pneus (terminé le gros pneu de 1,4kg derrière !), remis du liquide préventif, et je n’ai pas touché à la transmission, ni à mes roues, ni à mes suspensions qui marchent super bien !
J’ai aussi passé un peu de temps à installer mes vieilles lumières sur le casque et le guidon, chronométré l’autonomie des batteries… Parce qu’avec un départ à 5h, je pensais que j’aurais besoin des lumières jusqu’à 8h.
Pour m’alimenter le jour de la course, je décide d’abord de rouler avec ma banane 2 gourdes. Je me suis rendu compte que lorsque je roule 5-6h j’ai une tendinite à l’épaule gauche, alors je ne peux pas prendre de sac à dos. Avec 2 gourdes de 750ml (eau + sirop), j’espère que ça le fera… Je demande à ma belle-mère Marie de me préparer des « mini-gâteaux sportifs » (aux fruits secs) et des mini-quiches au jambon que je conditionne en 3 sachets égaux pour chaque boucle. Je pars aussi avec des pâtes de fruits, des pâtes d’amandes, des Stoptou (le seul bonbon au goût de Ricard !) et des faux Carambar aux fruits. Au passage, je remercie Tom Maury qui m’avait conseillé de préparer un gâteau sportif, et aussi de préparer des vêtements secs et propres entre chaque boucle… Des conseils précieux !
Vendredi, 7h de cours avec mes 6è, 3è et 5è qui m’en foutent plein les oreilles vu que c’est le jour des vacances. Ils sont excités…
16h30, je saute dans la voiture déjà chargée, en direction d’Olargues.
19h30, je fais la queue pour le retrait de ma plaque à 20h05.
20h40, je suis chez la Piccolo Family qui m’accueille pour cette courte nuit. D’ailleurs Julien participera à la course du lendemain, en relais avec Olivier (le frère de Myriam Nicole) et Martin (ils gagneront).
23h30, je ferme les yeux après un super repas… Ils sont vraiment au top les Piccolo ! (X1 Racing, ce ne sont pas juste des gens qui me fournissent du matériel VTT à un bon prix, c’est autre chose !)
… Mais je suis un peu tendu ! Qu’est ce qui m’attend demain ?
3h35, la sonnerie me réveille. Je n’ai pas l’impression qu’il est si tôt…
L’adrénaline ? Déjà ?
Quand j’arrive à Olargues à 4h30, je vois qu’il y a déjà plein de pilotes en place sur la grille. Je débarque complet !
Je me gare au dessus du pont et je fais au plus vite pour m’équiper, mettre les lumières… etc
Je descends au départ et je suis dans les 10 derniers en place, à l’envers par rapport au sens de roulage, de l’autre côté du mur et j’entends: « départ dans 15s »… Pas le temps de cogiter, gooo !
La première montée, dans la nuit noire, se fait à une allure modérée. Je vois le serpent de lumières au loin, en haut. Ce n’est pas que je me fais bouchonner mais je décide de monter cool (même si j’en double quand on passe sur le DFCI large). J’ai entendu plusieurs gars dire qu’ils se sont cramés dès la première boucle. Dans cette montée, je rattrape Estelle Charles que je suis sur les réseaux sociaux, on bavarde un moment. Elle a fait de très beaux résultats en EWS (plusieurs podiums) et après quelques participations à l’Épic en équipe, elle se lance en solo. Elle est carrément sympa cette « schtroumpfette » ! (J’ai compris que c’était son surnom vu sa tenue bleue).
550m plus haut, on arrive au niveau du premier départ de spéciale. Il y a un peu de vent, ça caille ! Je bois un coup, je mange une pâte de fruit. J’allume les lumières (que j’avais préservée jusque là, de peur de ne pas avoir assez de batteries) et j’attrape mon masque qui… P’tain, mon masque… Il est où ? Bordel, je l’ai oublié sur le toit de la voiture. Le souci, c’est que je porte des lentilles, ça commence mal…
C’est à mon tour de partir, je ferai sans le masque, pas le choix ! La spéciale de la Miellerie est pentue par endroits, et assez roulante sauf une petite partie technique rocheuse sur le haut. J’arrive dessus, je la découvre, je la prends et… Ma lumière de guidon s’éteint… Les chocs ont débranché le câble d’alimentation. Je continue avec ma lumière de casque. Il fait vraiment noir, et la poussière levée par les pilotes de devant ou surtout ceux qui me doublent se reflète dans ma lumière, j’en prends plein les yeux… J’ai aussi des difficultés à rouler dans ces conditions, avec mon problème d’oreille interne. La nuit, c’est très compliqué… Mais si je vais au bout, je l’aurais bien niqué cette oreille interne qui me fait défaut !
J’arrive en bas après m’être fait doubler (sans gêner) 6 ou 7 fois… Rien à foutre de mon temps, c’est déjà une spéciale de faite et Coco m’encourage !
Liaison 2, plutôt courte. Je pense quand même à m’alimenter: une mini-quiche et un gâteau sportif !
Au départ de la spéciale 2 je colle la connexion de mon câble de batterie avec du scotch… Et oué, j’avais prévu ça !
Je prends le départ, les premiers virages penchent et dans une épingle poussiéreuse je m’étale comme une bouse. Le choc me tourne le guidon. Obligé de remettre ça droit avec les jambes, je perds du temps… En bas, dans les sections rapides, je roule sur le fil. J’ai vraiment un très mauvais équilibre de nuit, je roule sur l’arrête du sentier, côté pente à plusieurs reprises, mais ça passe en serrant les fesses.
Liaison 3, c’est parti pour 480m de D+ avant la spéciale des Écoliers XXL.
Il parait qu’elle est chaude mais la bonne nouvelle, c’est que le jour se lève, et ça, ça m’arrange !
A la fin de cette liaison, on a déjà fait plus de 1200m de D+ et ça commence déjà à tirer…
Je prends le départ de la 3è spéciale avec les lumières allumées mais ça ne sert à rien. En haut, le tracé est sympa et il y a des spectateurs sur une dalle que je passe alors je me dis que c’est cool si c’est ça le passage compliqué du tracé… Mon pauvre ami ! Tu rêves ! Cette spéciale est loooongue et puis plus tu avances, plus ça se complique. Un écureuil traverse devant ma roue et le chemin est de moins en moins large, les cailloux poussent comme des champignons, ça secoue, c’est fatigant, je n’ai pas la lecture de terrain nécessaire pour rouler là-dessus à vue…
Pffff, je passe plein de trucs à pieds. Ok, je serais peut-être passé par endroits, mais je préfère la jouer « safe ». La course est loin d’être finie ! Le souci, c’est que c’est tellement long que j’ai l’impression de faire du trail sur cette spéciale… Pas grave ! Je suis au bout de la boucle 1, Épic de Bronze mais surtout 1h20 d’avance sur la porte horaire… Mais cette spéciale m’a tuée. J’ai mal aux cuisses à force d’être crispé, tendu en descente… Un comble !
De retour à la voiture, je tombe 1L d’Orangina, je reprends des gâteaux sportifs, du chocolat, une mini-quiche, je recharge ma banane en bouffe et mes gourdes en eau, je check la pression des pneus, je me change et goooo ! Ça repart sur la même liaison que pour la 1.
Je double Estelle… Je pense qu’elle est déjà un peu dans le dur (?)… J’espère qu’elle va aller au bout ! En haut de la liaison 4, j’ai les jambes qui piquent. Le groupe est vraiment étalé et je suis monté à mon rythme, trop vite ? Je bois, je mange, et gooo !
La Spéciale 4, les Crêtes, est réputée engagée… Baaahhh, c’est vrai ! Le haut dans la forêt est roulant mais j’ai du mal à me faufiler entre les arbres, mais une fois sur la crête, ça devient fou ! Et le passage du « Goulet », c’est le summum. J’avais envie de jeter le VTT en bas vu la galère que c’était à descendre à pieds. J’ai passé 3 ou 4 zones à pieds et de nombreuses en mode pieds sortis, c’était chaud ! Le bas est plus sympa… Mais la longueur de cette spéciale la rend bien difficile encore une fois… Interminable !
Le souci, c’est que je suis tellement tendu du string sur ce genre de tracé technique et engagé, que je me crève ! Et quand j’attaque la liaison 5, un bon gros poussage/portage, je commence à percevoir des crampes dans les cuisses, un truc que je n’ai plus ressenti depuis 2 ans…
Je commence à cogiter, alors que je n’en suis pas à la moitié !
Mais Alessio Salomoni, qui est avec moi depuis la montée précédente, me rassure en me disant que c’est un sentiment normal avant la mi-course. Je m’arrête pour boire un coup, manger un peu, et ça repart !
En haut de la liaison 5, on est encore remonté au sommet du Naudech mais on passe derrière, face à la mer, et c’est magnifique ! La spéciale 5, celle de Mézeilles, attaque sur un single montant, descendant, puis d’un coup ça plonge au milieu des genêts et sur 200m, tu ne peux plus t’arrêter à moins de sauter dans les genêts (comme le gars devant moi, qui a fait un salto). C’est chaud ! Heureusement, la suite est moins inclinée et plutôt sympa… Si je ne commençais pas à être cramé !
La montée vers la spéciale 6, les Chasseurs, commence par un bon poussage avant de déboucher sur un chemin de 4×4 qui nous ramène vers le Naudech… Et là, baaaw, hypoglycémie, à plat complet. Je me cale 2 minutes sous un arbre, je bouffe, je bois et ça repart ! Les pâtes d’amandes et les Carambar, c’est magique ! Mais il reste encore 4 spéciales et surtout la grosse liaison de la Boucle 3… Je me demande vraiment si je vais y arriver ?!
Je rejoins vite le départ de la spéciale 6 et hooooo, je la kiffe sur sa totalité celle-là ! Elle est facile, roulante, rapide, fun… Et j’ai tellement souffert avant que je me demande quand va arriver la zone technique et engagée, qui ne viendra pas. Dans cette spéciale, Baptiste Gaillot sera le seul à me doubler, à une vitesse de malade !
En bas de cette spéciale, il y a apparemment une porte horaire mais je ne la vois pas. En tous cas, j’ai 55 minutes d’avance. C’est cool !
La montée vers la spéciale 7 est difficile sur le plan physique mais comme elle est courte (280m de d+), je reste motivé ! Je me dis qu’en y allant tranquillement, je passerai la prochaine porte horaire.
J’arrive au sommet de la spéciale 7, la Mienne, et remonté comme une pendule, je mange vite et je bois avant de partir vers l’Épic d’Argent, et surtout la prochaine porte horaire. Cette spéciale est assez chouette ! Le haut est roulant, le milieu est technique et engagé mais ça passe à peu près, et le bas est fun… Mais encore une fois, je suis tellement crispé que je galère. Je rame, c’est terrible ! Mais je suis en bas et je me rends compte que beaucoup abandonnent là. De nombreux pilotes le savaient dès le début, ils étaient là pour l’Epic d’Argent, pas assez préparés pour l’Or, pour la dernière boucle qui, physiquement, sera plus dure que les autres.
Bon, OK, la spéciale 8 de Saint-Martin du Froid, est un enfer physique, mais la liaison de 965m de d+/14km ne doit pas être si dure vu le dénivelé (en juillet on était monté par la route)… Ça ne va quand même pas être du portage ?! Attendez la suite…
Après la spéciale 7, je passe la porte horaire de la boucle 2 avec 40-45 minutes d’avance. En allant vers ma voiture, je me pose des questions: « je repars ? Si je repars, je vais y arriver ? Je ne suis quand même pas trop cramé là ? »
Je m’assois par terre, dos contre le pare-choc, et je m’enquille la salade d’endives/noix/œufs/avocats que Raphaëlle m’avait préparée. Fromage, 3 gorgées de Yop, je tombe encore 1L d’Orangina, et goooo, je ne suis pas venu là pour abandonner bord d’aile de merle ! Je remets la lumière sur le casque parce que je me demande s’il n’y en aura pas besoin dans la spéciale 9, suivant l’heure où je descendrai. Je ne vérifie rien sur le VTT, et j’oublie de me changer alors que j’ai mal au cul depuis 3 spéciales, et que je roule sans peau de chamois (j’avais un short avec la peau de chamois intégrée dans la voiture).
J’attaque la liaison 8 sur la route. Une belle route bien lisse comme j’aime que je monte à un bon rythme, avant de voir mon énergie chuter brutalement ! Je m’arrête sur un parapet, je m’enfile 4 faux Carambar aux fruits et gooo !!!
Deux jeunes tchèques (?) me rattrapent et ils montent avec la musique à fond sur le téléphone, du rap tchèque… Je commence à dérailler, j’ai envie de les envoyer dans le fossé ! Je veux du calme moi ! Je souffre bande de cons !
On arrive dans un hameau et la route se transforme en un chemin de 4×4 rempli de cailloux, inroulable et très pentu… Les tchèques me distancent, heureusement !
Dans cette montée, où je pousse le VTT pendant plus d’une heure (?), je prends conscience d’un truc: l’Epic Enduro ne ressemble à aucune autre course d’enduro VTT. J’ai participé à des courses régionales, des Enduro Series, l’Enduro des Terres Noires (difficile), une EWS, mais là, je suis quand même sur autre chose. Je pense qu’on peut comparer l’esprit de cette course à celui de la Gilles Lalay Classic en enduro moto (une référence pour les vieux ! En plus difficile encore). Là, je prends conscience que je participe à un « enduro extrême ». Tout est mis à l’épreuve de façon extrême: le physique, le mental, la technique, l’engagement. Cette montée vers la spéciale 8, c’est un enfer, un truc à te vacciner du VTT… Mais je tiens bon, je sais que je serai aller au bout de moi-même ! Alors c’est dur, c’est long, j’ai des envies de meurtre, je repense à Eric qui a travaillé sur les spéciales et je ne voudrais pas qu’il soit à côté de moi… Je lui aurais fait bouffer les cailloux du Caroux !
… Mais j’avance ! Lentement… En slalomant entre les crampes !
Arrivé sur le plateau, je peux remonter sur le VTT et un gars qui me double à un bon rythme (qui faisait la course en relais) me dit qu’il a doublé une soixantaine de riders avant moi… Ça me rassure !
Le pédalage à plat vers Saint-Martin du Froid est facile mais interminable. J’ai l’impression d’y arriver mais non, ce n’est toujours pas là…
Puis j’y arrive enfin, à 17h10.
Le temps de boire un coup, de manger quelque chose, il me reste environ 40 minutes pour faire la spéciale et passer la dernière barrière horaire à 18h. Je pense que c’est gagné, mais je suis à plat complet, la spéciale 8 est la plus physique, et il ne faut pas que je crève ou casse quoi que ce soit… Je descends pas bien vite, et en subissant tous les cailloux, toutes les marches… Une torture ! Je passe la ligne d’arrivée à 17h48, et j’ai donc 12 minutes d’avance sur la porte horaire. Les autres pilotes autour de moi, sont détendus: « c’est bon, c’est gagné, on n’a plus qu’à monter la liaison 9 et descendre la spéciale de Bardou tranquillement, sans pression ». Je bavarde un coup avec Thomas Lapeyrie (2è scratch) et Baptiste Gaillot (6è) qui finalement roule avec moi depuis la spéciale 6. Je suis dans le fond du classement (je m’en doute !), mais je vais finir avec eux, et ça c’est quand même cool !
C’est marrant parce qu’une fois cette dernière porte horaire passée, la pression retombe pour tout le monde et on se rend compte qu’on monte sans douleurs, sans crampes… C’est fou le mental !
Au départ de Bardou, je me rends vite compte que je suis bien crevé et même si j’ai mis la lumière sur le casque, je termine avant la nuit. J’étais tellement cuit qu’arrivé sur LA marche, je n’ai pas réussi à freiner et je l’ai pris en plein milieu, nickel ! Par contre j’ai fait quelques tout droits dans des épingles d’après…
Arrivé à Mons, c’est gagné, plus qu’à rentrer à Olargues par la voie verte. C’est l’euphorie ! Je pousse sur les pédales, je roule à 20-25 km/h.
Avant de pointer à l’arrivée, je prends Thomas Lapeyrie en photo et il me prend à son tour… On fait le métier pour les partenaires ! haha
Par contre, lui est interviewé à l’arrivée, pas moi ! hahaha
Parti à 5h, je termine ma journée de VTT à 19h10 pour 108km et plus de 4600m de d+ (certains ont beaucoup plus sur leurs GPS)…
Le soir, chez les Piccolo, après avoir bu et mangé un peu, je me suis pesé, j’ai perdu 4,5kg au moins sur la journée.
Je viens de regarder les classements et sur l’ensemble des catégories musculaires, il y avait 198 inscrits et on est 127 à avoir fait tout le tour. Attention à ne pas minimiser le truc, car même en catégories électriques, certains ont abandonné physiquement. L’ensemble des pilotes inscrits à l’Épic sont, à mon avis, d’excellents pilotes (pas comme moi !). Je me suis fait doubler toute la journée. Je veux juste dire que ce n’est pas la même clientèle que sur la Mountain Of Hell (ou je termine dans le premier tiers), et je pense aussi que beaucoup de pilotes connaissent les circuits. Faire l’Epic à vue (comme moi pour 7 spéciales sur 9), c’est un peu… Con !
A la fois, ça traduit un peu ma « préparation low coast ».
Je termine dernier Master classé, 25è sur 35, mais pas dernier des musculaires, ni même des électriques haha. Mais je suis bien content de moi ! J’ai fait ça pour moi, comme un défi, d’ailleurs j’y suis allé seul, et je remercie encore les copains qui étaient au courant et qui n’ont cessé de m’encourager de près ou de loin, parfois juste avec des petits mots sympas: François, Antoine, JDidier, Romain, Jérôme, Eric, David, Jean-michel, Sté Lian, Nicolas et évidemment Raphaëlle, Eloy, Marie, Vincent, Bernadette… Ainsi que les très rares personnes à qui j’en ai parlé au début et qui m’ont laissé entendre à demi-mots que je n’y arriverais pas, ça m’a galvanisé et poussé à garder le truc pour moi ! Hahahahah Je suis aussi satisfait d’avoir participé à une course de cette difficulté après les soucis de santé que j’ai eu en 2016 et j’en ai encore ressenti les effets lors des spéciales 1 et 2, de nuit. Ce truc à la con est toujours là, dans ma tête, mais je le fighte !!!
Merci aussi à mes partenaires de toujours, en particulier Xoneracing Suspension et la famille Piccolo pour la logistique improvisée et parfaite de ce week-end, et les suspensions au top, Mohawk’s Cycles pour le VTT Pivot Cycles qui a été parfait (aucun souci, et ça c’était super !), ORIGINES CLOTHING pour mes tenues/gants/bandana, IceOptic.com pour le masque, WTB, Panzer, Praxis Works, Praxis Works EU, DMR Bikes, BikeYoke et Velosophe Cyclist Beer… Mais je reviendrai plus tard sur mon matériel… Parce que vu la fiabilité de mon bike, je dois en parler !
Enfin, merci à Velo Caroux Haut-Languedoc et EPIC ENDURO parce qu’organiser un tel événement, avec une telle logistique, en ce moment si particulier… Faut en avoir une sacré paire ! (Sans offenser les dames de l’organisation. Ce n’est qu’une expression)
Je vais continuer mon œuvre d’imposteur du VTT en DH/Enduro… Où ? Quand ? On verra…
Edit. du 28 octobre 2020:
Voila la vidéo officielle de la course, avec un petit Tchouk passage à 1’23 »